Si l'idée de parcourir un autre article sur le bien-être en période de pandémie vous donne envie de délaisser votre ordinateur portable, personne ne vous blâmera. Non pas parce que ce n'est pas un sujet qui mérite d'être abordé, mais car il ne fait aucun doute que cette crise ne fait que commencer :
Selon une étude menée aux États-Unis en début d’année 2021, 4 adultes sur 10 ont déclaré des symptômes de troubles anxieux ou dépressifs, contre 1 adulte sur 10 en janvier 2019.
Les chiffres ne mentent pas. Cette pandémie qui touche la santé mentale de tous ne peut être résolue par des chocolats à disposition dans la salle du personnel et/ou une affiche encourageant les employés à se rendre au travail à pied. Cet article analyse le cœur du problème, en expliquant exactement pourquoi les équipes terrain ne se sentent pas au maximum de leur forme, à quoi ressemble une culture axée sur la santé mentale et comment la mettre en place dans votre entreprise.
Avant la pandémie, 38 % des employés ne disposant pas de poste de travail fixe affirmaient que leur travail avait eu un impact négatif sur leur santé mentale. Ce chiffre est aujourd'hui passé à 51 %.
Alors que les équipes sur le terrain qui travaillent dans des secteurs tels que le retail et la restauration jonglent entre chômage partiel et réouvertures, beaucoup ont changé de secteur par crainte de la sécurité de l'emploi.
Le tableau est encore plus sombre pour les employés des petits commerces ou encore le secteur de la livraison, puisqu’ils ont dû travailler pendant toute la durée du COVID. Et nous pouvons dire que les conséquences sont lourdes puisque 25 % d’entre eux se sont vus diagnostiquer des troubles de santé mentale depuis le début de la pandémie.
Cette crise sur la santé des employés est en partie due au COVID. Les équipes sur le terrain ont vu leur charge de travail augmenter car elles doivent faire appliquer et respecter les mesures sanitaires, tout en gérant de nouveaux services comme le click and collect. Elles sont également confrontées à des clients en "état d'alerte" : en raison de la pandémie. On constate que 61 % des employés du retail ont été victimes d'agressions verbales de la part des clients et 1 employé sur 6 est victime d'agressions quotidiennes. Sans oublier que les employés de première ligne doivent prendre en compte leur propre sécurité et celle de leur foyer car ils s'exposent quotidiennement au risque de contracter le COVID-19. En effet, une étude a montré que les personnes travaillant au contact de la clientèle ont 5 fois plus de chances de contracter le virus que leurs collègues occupant d'autres postes. Ces questions, à elles seules, représentent beaucoup à gérer au quotidien.... Mais ce n'est pas tout !
Une récente étude a révélé que le principal facteur expliquant les niveaux élevés de mal-être actuels est l'isolement social. Une enquête menée auprès de 800 employés de terrain a révélé que 39 % des employés de terrain ont un environnement de travail isolé et 46 % se sentent déconnectés des équipes au siège. Les employés de terrain n'ont généralement que très peu l'occasion de rencontrer l’ensemble de leurs collègues, qui sont dispersés dans plusieurs sites différents ou qui ont des horaires différents. Ce manque de lien social les rend plus enclins à contracter des maladies comme la dépression et à provoquer un sentiment de mal-être psychologique.
La démographie sociale des employés de terrain a également un rôle à jouer. Il est prévu que la génération Y représentera 75 % de la main-d'œuvre mondiale d'ici 2025 et que 80 % de cette main-d'œuvre travaillera à distance ou ne disposera pas d’un poste de travail fixe. Lorsqu'il leur a été demandé de décrire leur état de santé mentale pendant la pandémie, un tiers des personnes âgées entre 18 et 29 ans ont été diagnostiqué comme étant dans un état de détresse élevée, contre seulement 15 % pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Il n'est donc pas surprenant que 28 % des employés de terrain de la génération Y ne se sentent pas engagés dans leur travail.
Un autre facteur, est le manque de soutien de la part des équipes hiérarchiques. En effet, ¼ des employés de terrain a été diagnostiqué comme souffrant d'une maladie mentale pendant la pandémie et 75 % affirment qu'ils auraient pu bénéficier d'un soutien psychologique plus important que celui qu'ils ont reçu. De manière générale, 43 % des employés de terrain ne se sentent pas reconnus pour leurs efforts au travail et 79 % pensent que leur employeur ne se soucie que peu de leur bien-être. Le fait de se sentir sous-estimé et non reconnu crée une expérience émotionnelle négative du lieu de travail, entraînant un déclin général de la santé mentale des employés.
Il est clair que les entreprises ne font pas assez pour soutenir le bien-être mental de leurs employés de terrain, et cela doit changer. Les entreprises doivent créer une culture de sensibilisation à la santé mentale au travail. Une culture axée sur la santé mentale crée un environnement de travail sain dans lequel les employés ont un espace sûr pour partager leurs préoccupations et encourage les employés à atteindre un bien-être émotionnel.
Mais cela ne doit pas seulement profiter aux employés de terrain. Investir dans le bien-être des employés en général améliore les performances de l'entreprise dans son ensemble. Au cours de l'exercice 2019/2020, sur l'ensemble des journées de travail perdues pour cause de maladies professionnelles, 55 % étaient dues à une mauvaise santé mentale. Des équipes engagées et satisfaites, psychologiquement, sont 21 % plus productives.
De plus, les entreprises qui créent une culture de bien-être et de sensibilisation à la santé mentale se forgent une meilleure réputation pour attirer les meilleurs talents. Les jeunes générations souhaitent plus particulièrement un lieu de travail qui contribue à leur qualité de vie au travail et peuvent être rebutées par le stéréotype selon lequel des secteurs comme le retail et l'hôtellerie sont des environnements de travail compliqués.
80 % de la génération Z affirme qu'elle considère sérieusement l'impact d'un poste sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour attirer et retenir les meilleurs talents, les enseignes doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour renverser les stéréotypes sur la santé des employés de terrain. 89 % de la population active soutient que des initiatives de bien-être sont susceptibles de faire la différence lors d’un processus d’embauche en différenciant l’entreprise et en transmettant des valeurs où la qualité de vie au travail est élevée et primordiale. Cultiver le bien-être et la sensibilisation à la santé mentale rend une entreprise plus attrayante pour les jeunes générations en recherche d'emploi.
Une étude menée par Forbes a révélé qu'après que le PDG d'une entreprise ait pris publiquement la parole pour partager ses expériences en matière de santé mentale et ait encouragé ses cadres supérieurs à aborder le sujet, 68 % des employés se sont à leur tour confiés à quelqu'un pour la première fois.
Montrer l'exemple est l'un des moyens les plus efficaces d'encourager ses employés à chercher un soutien et une solution à leurs problèmes psychologiques. Les entreprises peuvent le faire en soulignant l'importance de la sensibilisation à la santé mentale dans leurs communications, en faisant la promotion des services de soutien et en encourageant les cadres supérieurs à partager leurs expériences en matière de gestion du stress.
Seuls 50 % des employés se sentent à l'aise pour parler à leur employeur de leur état de santé mentale. Un sondage réalisé auprès de 2 000 employés a révélé qu'une personne sur quatre n'avait pas fait le point sur son état de santé mentale avec son employeur depuis le début de la pandémie. Le fait de faire le point régulièrement avec ses employés pour discuter de leur état émotionnel montre que vous vous souciez de leur bien-être et permet aux personnes encore réticentes de partager leurs sentiments et de demander plus facilement de l'aide.
En plus de cultiver un environnement de travail où les employés savent qu'ils peuvent parler en confiance de leurs émotions, il peut aussi être utile de prévoir des espaces anonymes dédiés au partage de leurs préoccupations. Les initiatives telles que les enquêtes anonymes ou les boîtes à soucis peuvent permettre aux managers de se faire une idée plus précise des difficultés rencontrées par les employés et des domaines dans lesquels un soutien supplémentaire est nécessaire.
En investissant dans des outils qui aident les employés à se sentir plus intégrés, il leur sera plus facile de partager leurs sentiments et leurs préoccupations. Un outil digital de communication interne disponible pour tous les employés peut être utilisé pour tenir les employés au courant des nouvelles de l'entreprise, féliciter le travail fourni par les employés et célébrer les réussites. Selon une enquête, 58 % des employés de terrain se sentiraient plus connectés à leur entreprise en ayant accès aux communications internes via un outil digital. Le fait de se sentir inclus et valorisé au sein de l'entreprise permet aux employés de ressentir un sentiment d'appartenance au travail, ce qui est crucial pour leur bien-être et leur performance.
Les outils digitaux dotés de fonctionnalités telles que les enquêtes de pouls où les employés notent leur humeur sur une échelle permettent aux entreprises de vérifier régulièrement comment les employés se sentent et d'identifier toute cause d'inquiétude avant que les employés ne soient dépassés.
Les employeurs qui souhaitent que leurs employés soient en bonne santé émotionnelle ont tout intérêt à rendre les choix sains plus accessibles. 54 % des employés de première ligne déclarent s'être appuyés sur un grand nombre d'habitudes malsaines telles que l'alcool, la toxicomanie, la frénésie alimentaire ou le tabagisme pour surmonter la pandémie. Des incitations comportementales telles que des repas sains gratuits pendant les heures de travail, des réunions de travail sans alcool et l'encouragement à prendre des congés payés peuvent aider les employés à préserver leur bien-être.
Les “nudges” et les initiatives en faveur du bien-être pourraient également inclure des programmes de transport à vélo, des horaires de travail flexibles, des congés payés pour se faire vacciner et des abonnements gratuits ou à prix réduit à des salles de sport, des thérapies ou des services de garde d'enfants.
Même si les taux de vaccination augmentent, l’épidémie des troubles de santé mentale est un problème plus important que jamais. Les employeurs doivent agir maintenant pour investir dans le bien-être de leurs équipes et créer une culture favorisant et sensibilisant à la santé mentale au sein de leur organisation.
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